INTRODUCTION
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retournant son métier. Ces explications, si brèves qu'elles soient, auront permis de saisir les points de contact existant entre le travail du tisserand et celui du tapissier de basse lice. Elles font aussi pressentir que le métier de haute lice est un perfectionne­ment de l'outil primitif, de celui qui se rencontre partout et à toutes les époques, et qui est le métier de basse lice. D'où il résulte né­cessairement que ce dernier procédé a devancé l'autre.
Nous laisserons donc de côté tout ce qui rentre dans la catégorie des étoffes décorées de dessins réguliers par des moyens méca­niques , et aussi tous les tissus ornés, après leur fabrication, de dessins ajoutés, soit en cachant complètement la trame, comme dans la tapisserie au point, soit en recouvrant seulement une partie de sa surface; c'est le cas de la plupart des broderies faites à l'ai­guille.
Si nous ne nous occupons que des tapisseries de haute ou de basse lice, comment les distinguer les unes des autres? La ques­tion ne laisse pas que d'être embarrassante. Rien de plus malaisé, en effet, que de déterminer par quel procédé une tenture a été tissée, surtout quand son exécution remonte à deux ou trois siècles. Sur ce point nous avons eu recours aux experts les plus compétents. Tous sont unanimes à déclarer que le diagnostic, dans la plupart des cas, est fort embarrassant. On cite bien quelques moyens empiriques, mais ils sont si peu certains, que nous n'en parlerons que pour prouver l'inanité de cette recherche.
Ainsi le tapissier de basse lice, travaillant à l'envers en suivant les contours du modèle placé sous le métier, retourne le dessin et reproduit ainsi en sens inverse les inscriptions de l'original. Le texte se lirait de droite à gauche et non de gauche à droite. Rien de plus simple, pour éviter cet inconvénient, que de tracer sur le carton les inscriptions à l'envers. C'est le système ordinairement employé par les peintres prévoyants. La moindre expérience en­seigne cet expédient.
Souvent aussi un guerrier, dans la tapisserie de basse lice, tient son épée de la main gauche, tandis qu'il se servait dela droite sur le carton original. Mais un peu d'attention chez le dessinateur ou le tapissier suffit pour éviter cette transposition. D'ailleurs, toutes